L’Inde n’est pas belle, rectification

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L’Inde. Un pays, une culture, des couleurs, des religions. Un melting pot de genres et de styles, de paysages et de villes. On en tombe melancoliquement amoureux, ou l’on en reste eternellement detache. Une frontiere fine, dont un pas suffirait a la franchir, mais quel pas!

Ce pays est schizophrene, maniceen, tant dans ces mythes que dans son quotidien. Quoiqu’il en soit, c’est une aventure a vivre. Pour decouvrir le bonheur d’ailleurs, ou reflechir a ses propres chances.Une lassitude morne fond sur les visages, contrastant les sarees barioles et les sourires de facade. Des yeux profonds qui te jugent, t’haissent, t’admirent et te redoutent. Dans un univers en demi-teinte, entre la folie capitaliste du progres pour le progres et des traditions ancestrales se repetant a l’infini. La-bas, ils naissent avec la certitude des lendemains meilleurs, et meurent avec un gout amer sur la langue, une poussiere acre et tenante, persistante de peur et de larmes.

Le future de ce pays est encore a ecrire, mais l’on sait, deja, qu’il ne sera pas rose.

Le premier pas pose en Inde n’a pas ete deroutant. Ni les premieres minutes. Ni les premieres heures. Comme souvent, l’excitation haletante du voyage t’aveugle autant qu’elle t’emerveille. Tout te parait neuf, different et abordable. Meme si cela peut te choquer, te faire peur ou te sentimentaliser.

Le vrai ressentiment vient bien après. Une piece tombe, une goutte d’eau inonde le Gange, et tes yeux s’entrouvrent sur cette effroyable realite: L’Inde n’est pas abordable. L’Inde n’est pas ce pays aux milles danses, aux tissus debordants de pigments. Il n’est pas ce pays de sourire, des enfants courants après des ballons et des reves imaginaires. L’Inde n’est pas la plus grande democratie du monde. L’Inde n’est pas belle. C’est dur a encaisser. Une illusion de Pere Noel trop tot avouee. Mais j’espere changer d’avis, reellement.

Cela n’empeche pas, malgre tout, de profiter du pays. Il y a eu des moments de pure magie, que seuls les indiens ont la possible foi d’offrir. Des mains se sont serrees, des longs regards qui en disent beaucoup plus se sont echanges, entre de la curiosite mutuelle, face a ce grand ecart inter-culturel, et la crainte. Les rires francs existent et il suffit de passer le pas de notre confort d’expatrie pour s’en rendre compte. Quand tout va mal, quand ce pays t’a aspire jusqu’a ton dernier souffle d’energie, un acte desinteresse de gentillesse, un furtif moment de partage peut d’un seul coup te remettre sur pied. Te permettre d’affronter pendant quelques temps encore cette jungle de klaxons, de pollution et de mains tendues. Et ces furtifs moments deviennent une chaine, un fil d’Arianne qui nous permet de rester droit, de ne pas nous perdre en chemin.

Pouvons-nous leur en vouloir? Oui serait tellement simple et tellement vrai aussi. Il y a mille raisons de leur en vouloir quotidiennement. Les arnaques, le traffic, les bruits incessants. Mais cela reste tres egoiste. Il faut leur pardoner, comme ils nous ont pardonne depuis longtemps d’etre ce que l’on est a leur yeux: froids et impassibles, superficiels et non-croyants, impunement riches et vulgaires, buveurs d’alcool et non de the, venant de pays ou l’on se marie par amour ou par certitude d’amour, pour se separer un peu plus a chaque epreuve. Ils ont pardonne car, meme ancres dans leurs moeurs a oeilleres, ils en gardent les bras grands ouverts et le Coeur bien place. C’est a dire dans la poitrine, pas dans la tete ou sur la main, entre les cuisses ou ailleurs.

Souvent, au debut, je me suis persuade que nous avions beaucoup a apprendre des Indiens. Puis j’ai cherche. Et je ne trouvais rien. L’organisation structurelle du travail est une vraie calamite. La distribution des taches est du meme accabi. L’hygiene est negligee, la politique corrompue, les soins de santé inexistants, l’insecurite constante, un gap immense entre les riches et les demunis, une classe moyenne fantomatique. Pas de tri ni de ramassage des dechets. Pas de transports publics efficients. Le prix de l’immobilier qui gonfle et personne pour l’acheter. Il est clair, que d’un regard exterieur, pratique, monetise, organise, en gros, europeen, c’est la merde.

Mais les Indiens ont cultive d’autres terres, ont construit les immeubles les plus grands du monde, ont invente les plus belles choses, au fond d’eux-meme. Chaque Indien est un chateau, un temple, un gateau cinq etages dont la cerise est le bindi, pose negligement sur le front. L’endroit parfait ou les chakras sont les plus forts. Un troisieme oeil visionnaire qu’ils ouvrent et ferment, a leur guise, sur les choses de la vie. L’organisation n’a plus d’importance lorsque la paix et la foi interieure transforme chaque citoyen en pelerine du bon, du bien. Difficile a incarner, complique a saisir, facile a juger. S’ils vivent bien sur la meme planete que nous, leur ame en est a cent lieues! Car il en faut de la foi pour croire a cet ensemble de mythes. Melange de guerre de divinites, d’histoires familliales, entrecroisant animaux et humains dans des receuils d’ages. Les Indiens me surprennent. Je n’arrive pas a saisir si leur incroyable bonte, leurs sourires a ecarter deux etaux est naturel ou pas. En fait, si. Je crois que cela est naturel, et c’est cela qui est surprenant. Alors qu’il m’est difficile de me souvenir de mon dernier acte completement desinteresse, eux le font a chaque instant. C’est ici que je regrette d’avoir, des ma plus tendre enfance, et ce du aux alleas d’une education occidentale, oublie l’autre. Rendre l’autre fantomatique, impalpable, un tableau mu par le quotidien, monochrome et ininteressant. Respecter et prendre conscience de l’autre, c’est bien evidemment prendre conscience de sa propre existence. Prendre soin de l’autre, etre a l’ecoute, donner du temps, c’est s’aider soi-meme. Etre sans doute egalement mieux dans sa peau.

Personne ne pourrait se lasser de ce Bonheur pour le Bonheur, cette simplicite d’ame qui rend definitivement les choses completement plus faciles, moins conceptualisees, plus dans l’air du temps. Depuis les premieres lignes ecrites, plus d’un mois s’est deroule, la bruyante Pune et sa fatiguante routine a fait place au Kerala des montagnes, dont le silence profond m’etonne encore. Dans tous les cas, je peux dire que je me suis trompe. Ou plutot que je suis rentre dans des stereotypes. Pune n’etait definitivement pas la meilleure des destinations du pays. Elle nous a endormi, rendu inconscients et inaptes a profiter de la culture. On en etait venu a detester les Indiens!

NB: A la relecture, et revenu en Belgique, je ne sais toujours pas dire si l’Inde est belle ou pas.

PS: J’ai ramene beaucoup de choses de ce pays, mais egalement un pc avec un clavier qwerty. Desole pour le manque flagrant d’accents!

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Nabi Saleh – Place au Martyr

La route semblait longue, en ce mois de décembre, pour se rendre à Nabi Saleh, dans le nord palestinien. Plus les kilomètres de roche et de sable défilaient, plus le silence se faisait dans la voiture.  Mahmud était venu nous chercher plus tôt dans la journée. J’avais cette étrange impression de m’être fait kidnapper de mon plein gré, vers un endroit, un évènement qui ne me plairait pas, j’en étais persuadé. Mais l’idée de participer à la cérémonie d’enterrement d’un martyr, éveillait ma curiosité. Une curiosité si morbide, je dois l’avouer, mais le rendez-vous devrait être unique.

Mahmud nous avait briefé sur le chemin. Il en valait également de sa réputation. Les ‘’occidentaux’’ qu’il amenait là-bas devaient savoir rester respectueux, discret et poli. Un rituel devait se mettre en place et de nombreux dignitaires devaient participer à la cérémonie.

Tout au long de notre périple, Mahmud nous avait briefé. Le premier contact que nous avons eu avec lui, c’était à Jérusalem. Nous étions en train de prendre un café près de l’arrêt de bus qui nous avait amené ici depuis Tel Aviv. Il y avait ce pont très moderne en face de nous, première vue de Jérusalem qui me déçu ; Je croyais découvrir une ville ancienne, en retrait dans le passé, figée plus de 2000 auparavant. Il y avait aussi ce supermarché, gardé par deux soldats armés de M16. Des femmes voilées y entraient, des jeunes juifs portant la kippa, une multiculturalité, un quotidien ‘’normal’’ qui lui aussi me déçu. Très très égoïstement, j’aurais voulu voir plus de haine, plus de violence. Bref, plus de ce que les médias ont l’habitude de nous raconter. Des attentats, des enfants en pleurs, une jeunesse qui manifeste, une précarité malsaine et une tristesse dans les regards. Rien de tout cela n’était flagrant. Mais je compris, peu de temps après, qu’en Cisjordanie, actuellement, la guerre est silencieuse, insidieuse. Un poison lent, qui, goutte à goutte, tue cette région du monde.

Notre premier contact avec Mahmud se fit donc par téléphone. Le contact nous avait été donné à Istanbul. Avec les recommandations qui allaient avec. Il fallait chercher un code pour chaque numéro de téléphone. Si, a l’aéroport de Ben Gourion, les douaniers israéliens trouvaient dans nos affaires personnelles, ou notre GSM, des numéros compromettant, nous risquions d’être renvoyé dans le prochain avion, ou pire, de mettre en danger nos contacts. Notre premier geste sur place fût d’acheter une carte Sim israélienne, et de décoder nos nombreux contacts, à partir d’un enfantin rebu de chiffres et de lettres. Par précaution, nous avions également supprimé tous nos mails avant le départ, et vérifier nos réseaux sociaux.

Nous eûmes donc Mahmud au téléphone, dans un anglais parfait. Comme tous les palestiniens, en général. Savoir parler anglais est pur eux une arme. La communication, ils en sont sûr, leur sera bénéfique, même salvatrice. Mahmud nous fixa rendez-vous deux jours plus tard, à un carrefour de Bethléem. Bethléem, première vile palestinienne à 15 minutes de route de Jérusalem.  La ville est  très difficile d’accès pour le peuple palestinien. Seuls les détenteurs d’une autorisation peuvent entrer dans la ville. C’est-à-dire les jeunes enfants, les vieilles personnes et les travailleurs. Une poignée de gens. Cela fait 25ans que Mahmoud n’a plus eu l’autorisation d’y accéder. Leur AL Quds, ‘’La Sainte’’, a seulement 10 kilomètres de Bethléem, est inaccessible. Une aberration. L’autorité israélienne justifiant cela par leur peur du terrorisme.

Presqu’aucun palestinien de réside à Jérusalem. Seuls les travailleurs disposant d’un appartement dans Jérusalem-est. Ils y restent, loin de leur famille. La crainte, qu’une fois rentré en Palestine pour visiter leurs proches, ils seraient dans l’incapacité de retourner dans la Ville Sainte, et perdre leur emploi. Les autorisations se donnent et se retirent très facilement. 

Larmes et sang

Mahmoud nous emmenait donc à l’enterrement de Mustafa Tamimi, un martyr palestinien, décédé lors d’une manifestation pacifique le 10 décembre 2011, quelques jours auparavant. La cérémonie rassemble du monde, du ‘’beau’’ monde. La tension monte dans la voiture. Mes deux compagnons et moi-même ne savons pas vraiment à quoi nous attendre. Il est 11h00 du matin lorsque nous atteignons enfin Nabi Saleh. Arrivés sur la place de ce petit village, bâti sur une colline aride et entouré de colonies juives habitées et en construction, c’est l’abondance. Ne cinquantaine d’hommes sont présents, debout, à parler, habillés de leurs plus beaux keffiehs. Les drapeaux palestiniens flottent de toute part et la famille a fait imprimer une gigantesque affiche du martyr, ensanglanté. Mustafa Tamimi a en effet reçu une balle dans l’œil gauche. L’image est affreuse et placardée partout. Ce n’est pas la première fois que l’on observe des affiches comme cela. Où nous, occidentaux, préférons montrer la plus belle photo du défunt, les palestiniens, eux, envers leurs martyrs, affichent les plus horribles représentations. Ce sont des martyrs, cela doit choquer. Et c’est réussi.

Dès que nous sortons de la voiture, Mahmoud hèle une fillette pour qu’elle accompagne Juliette mon amie, dans la bâtisse réservée aux femmes plus bas dans le village. Le père, les frères, les oncles et les cousins sont assis en dessous de cette affiche, le long d’une façade où le soleil est dense. Nous nous avançons vers eux. Personne n’a été prévenu de notre arrivée, et je sens les regards lourds et interrogateurs. J’ai peur de passer pour un touriste voyeur, ou pire, j’avoue, pour un israélien. Tour à tour, je salue les proches du défunt. Deux des frères pleurent tandis que le père reste impassible. Une vingtaine de mains serrées, un jeune homme me propose de m’assoir en face de la famille. Je n’ose refuser, mais j’aurais donné ma place à n’importe qui d’autre. Le bal des dignitaires commence alors. Mahmoud nous souffle toujours à l’oreille des indications sur les personnes présentes. ‘’Voici le jeune ambassadeur espagnol’’. ‘’L’italien arrive, toujours en retard’’. ‘’Le chef du village untel, ou untel’’. Et ceci pendant près d’une heure. Les gens débarquant, saluent la famille et repartent. Ce rituel dure depuis 3 jours. Trois jours de deuil intensif pour ce martyr dont toute la Palestine connaît maintenant le nom. Trois jours de bal macabre, enflammé d’un soleil pesant et enrobé d’odeur de chèvre rôtissant.

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La révoltante Hébron

Hébron est la ville que tous les palestiniens poussent à aller voir. Située au Sud de Jérusalem et de Bethléem, sa vieille ville constitue un véritable musée de ce qu’est l’invasion israélienne sur le territoire palestinien, en Cisjordanie.

C’est une grande ville, de près de 170 000 habitants, bruyante et arabe, pleine de souks, de vie et de chants. Les taxis doivent partager leur route avec les charettes et les piétons, les ânes et les écoliers. Le tourisme y est peu développé ( et ça se ressent dans le regard qu’ils nous portent) puisque peu d’information n’est sensée sortir de ce cas assez spécial.

Outre les 170 000 palestiniens, 500 colons juifs ont décidé de faire de la vieille ville d’Hébron leur endroit de villégiature. Au centre de cette antique cité se trouve en effet la Mosquée d’Abraham, pour les palestiniens, qui est également nommée le tombeau des Patriarches par les juifs. Un unique bâtiment prenant une importance identique, mais des sens religieux complètement différents. Ces 500 colons juifs implantés dans Hébron sont  »protégés » par près de 1700 soldats israéliens. La vieille ville (H1) est donc devenue sous l’autorité israélienne, alors que la périphérie est sous le contrôle de l’autorité palestienne. Ceci dit, des palestiniens courageux vivent toujours dans H1. En périphérie, Hébron semble donc une ville arabe des plus normales et des plus vivantes, alors que son centre pourrit tout doucement.

« Here begins the apartheid »

C’est l’association Hébron-France qui nous a permitde découvrir tout ça. Outre le fait d’étendre la francophonie au sein de la Palestine, ils disposent de guides hébroniques francophones aux visiteurs. C’est avec Ullud, une jeune voilée de la région, que nous entamons la visite de la vieille ville.

Ce qui choque dès le commencement, ce sont les check-points situés au coeur même de la ville, entre H1 et H2. Des parpaings bloquent l’entrée aux véhicules dans certaines rues. Des blocs de pierre schizophrènes, taggués d’un côté de  »Here begins the apartheid », de l’autre  »Free Israël ». Le centre historique d’Hébron a été encerclé de murs, de sorte que l’entrée ne peut se faire que par le passage obligatoire par ces check-points. Les israéliens contrôlent donc l’ensemble des entrées et sorties de la population palestienne. Des barbelés, des déchets, avant une baraque où le reflet de la présence des soldats se voit à travers les minuscules fenêtres. Voilà un check-point. Les sacs et les identités sont fouillés pour les palestiniens, tandis que pour nous, seulement, le passeport doit être montré.

Après, on se retrouve face à la désolation. Ce qu’on imaginait être un souk il y a 60ans, ce qu’on imaginait être le coeur d’une grande ville, avec ses passages, ses vendeurs ambulants ou voleurs à la sauvette, tout cela se retrouve anéanti. Ainsi que les ombres des enfants jouant au ballon et celles des vieux hommes papotant autour d’un çay. Tout cela a disparu et fait maintenant place à un vide profond. Cette rue décédée, affluente d’une autre morte également, ces parallèles et perpendiculaires aussi, pour couvrir tout un quartier, sont d’autant plus tristes qu’on les sent pleines d’un passé joyeux. Et certainement d’un futur également. Sans compte ce bouton  »pause » qui a été enfoncé.

Toutes les échoppes aux portes émeraudes sont clauses, et les rares personnes arpentant les rues se dépèchent s’ils sont arabes, déambulant s’ils sont touristes ou paisent s’ils portent une kippa.

Comme Mahmoud nous l’illustra plus tard, on peut comparer la colonie juive d’Hébron à une greffe. Si l’organe greffé n’est pas en adéquation totale, sans compromis, avec le corps dans lequel il s’est établit, tôt ou tard, par la force naturelle des choses, le greffon sera rejeté. Une comparaison idéaliste et heureuse. Ceci dit, Mahmoud, malheureusement, n’a pas rélféchit au fait qu’une mauvaise greffe, à défault d’être rejettée, peut détruire l’entièreté du corps hôte.

« Here it’s South Africa. Black there and white in the other side »

En marchant dans les rues fantômes, nous apprenons, par Ullud ou d’autres, l’histoire de la ville. Les familles juives sont venues s’implanter avec l’aide de la force armée des militaires. Après avoir encerclé la ville de murs et installé les check-points, les israéliens ont commencé par la pourrir de l’intérieur. S’installant dans les maisons palestiniennes, souvent au second étage, les familles débutèrent leur règne de la terreur. Grâce à Ullud, qui se voyait pousser des ailes et sa confiance gonflée en se promenant avec des européens, nous avons pu grimper sur le toit d’une des dernières maisons palestiniennes accessibles. Une vue d’ensemble sur la ville, qui nous fait comprendre une chose: nous sommes observés. Des snipers/soldats sont postés sur une multitudes de toits, dans des postes que l’on ne voit pas forcément lorsque l’on marche en bas.

Quoiqu’il en soit, cette possession par le haut à de nombreux revers pour la population arabe. Du haut de leur étage, les colons envoient des pierres, des déchats et tout ce qui leur passe sous la main. Les insultes fusent, les tags fleurissent, mais ces lancers, ces déchets sont souvent faciles, perchés depuis les anciennes fenêtres des palestiniens qu’ils assaillent et défendus, pour chacun, par un quota de 3 soldats.

On peut donc observer des rues où des treillis ont été tirés, des tôles ont été mises pour éviter de blesser les palestiniens. Un drapeau d’Israël en haut, les fierté des palestiniens en bas, séparés par un fil tendu soutenant des pierres, des sacs poubelle et d’autres restes alimentaires, destinés aux gens d’en-bas.

Et les traces d’apartheid ne s’arrêtent pas là. Seulement 3 échoppes ont été autorisées à ouvrir dans la vieille ville, près de la Mosquée d’Abraham et encore plus proche d’un petit poste militaire. Ce qui reste également le plus choquant, c’est cette rue, d’une cinquantaine de mètre de longueur. Divisée dans sa longueur par un muret, 5m d’un côté, 1m de l’autre. Akmeht, un des trois commerçants, autour d’un thé, nous éclaire sur une situation que nous avions déjà comprise. Les 5 mètres sont réservés au israéliens, le mètre restant aux palestiniens. C’est ici que commence la ségrégation.

La division est partout dans cette ville. Il suffit d’en voir le symbôle: La Mosquée d’Abraham/Tombeau des Patriarches. Cette mosquée abrite les tombes (sans corps) d’Abrahm, Isaac, Jacob et leurs femmes respectives. Un haut lieu musulman, arabe et juif. Lors de l’occupation d’Hébron, les israéliens ont décidé de s’approprier la moitié, la plus belle part du gateau, pour le transformer en synaguogue. Une partie est donc restée une mosquée, alors que l’autre est devenue juive. Le tombeau d’Abrahm est visible par les deux communautés. Qui peuvent se juger, se voir par deux fenêtres voisines.

« Just work and eat »

Nous avons été accueilli à Hébron par Munir et Indi, un joyeux couple avec 4 enfants. L’occasion de passer une soirée dans une famille palestinienne, plutôt aisée. Dès notre arrivée, Munir nous informe de deux choses: Barcelone joue ce soir, et sa femme vient d’être élue présidente d’un syndicat pharmaceutique. Une petite révolution, une grande nouvelle pour le couple. Fier, il nous apprend qu’Ind a presque été élue à l’unamité, étant également la première femme à atteindre ce poste.

Alors que Munir doit se rendre à sa pharmacie pour travailler, c’est avec Indi et les enfants que nous passons la soirée. Après avoir souper ( à 4h de l’après-midi), Indi nous invite à faire une petite promenade dans la ville, après s’être préparée et bien maquillée. Indi est une femme curieuse, curieuse de nos habitudes, de nos vies, de notre venue ici. Elle est aussi bavarde et intelligente, souriante et chaleureuse. Quand on aborde la question de ses enfants, elle n’hésite pas une seconde. « Je ne veux pas qu’ils restent ici. Je veux qu’ils partent, qu’ils voyagent à travers le monde entier. Ce n’est que comme cela qu’ils pourront se forger leur propre personnalité. S’ils décident de vivre ici, je veux que se soit leur propre choix, pas notre égoïsme de parents. Il n’y a plus rien ici pour eux. Ici, c’est juste « Eat and work, eat and work all the time ». Et je le fait pour eux. »

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Bethléem, une étoile y est née mais d’autres y sont mortes

Les premiers pas en Palestine se font souvent par le bus 21, reliant la vieille ville de Jérusalem à Bethléem. Un court voyage (10km), qui nous plonge rapidement dans l’ambiance du pays. Le bus est envahit de rouge, noir et blanc, les couleurs des keffiehs que les hommes portent fièrement. Une envolée de voiles et de tissus vers ce qu’ils nomment leurs territoires occupés. Le bus 21 est également le moyen de transport qu’utilisent les touristes pour visiter Bethléem. Un bus, qui, étonnamment, ne traverse aucun check-point isréalien. Car en apparence,  »tout est beau ».

House of Peace est l’auberge dans laquelle nous avons séjournés et que je recommande aisément. Un joli couple d’une bonne septantaine d’année, bons anglophones, offre le logis aux pélerins, visiteurs d’un jour ou plus. Chrétiens tous les deux, jusqu’au bout des ongles, ils ne tarissent pas de conseils bibliques et religieux, entre deux tasses d’un thé  »Sofia ». « Vous êtes comme mes enfants ici » commence la femme, avant de nous montrer, heureuse, l’ensemble de ses photos de famille et des mariages de ses enfants. De quoi mettre à l’aise dans cette immense bâtisse au coeur de Bethléem. Tout respire la piété, peut-être même poussé à l’extrême. Le vieillard ne craint pas, devant ses shows chrétiens-américains criards et hyper-butés à la télévision, de proclamer sincéremment:  »Si Dieu décidait d’arrêter de donner de l’air, nous mourrions tous après 2 minutes ». Difficile alors d’expliquer nos propres croyances sans les offusquer au plus profond de leur foi.

Une Eglise comme un foyer, receuil des prières du monde entier

La communauté chrétienne est relativement bien représentée parmis les palestiniens de Bethléem. L’Eglise de la nativité, qui a vu naître l’enfant Jésus, y est certainement pour quelque chose. La cité se prépare a accueillir le flôt des touristes religieux qui viendront célébrer la naissance du Christ. Au sommet du village, résonne déjà les chants de noël, flottent les guirlandes de lumières et sur le grand sapin, petit à petit, la municipilaté y hisse l’étoile bleue. Sur les pierres blanches ou plutôt ocres de la région, contrastent le rouge et le jaune des luminaires. Même la mosquée, voisine bruyante de l’Eglise, semble s’incliner face aux fastes de Noël. La mélondie guillerette de  »Merry Christmas » se fond dans les appels à la prière dans un cocktail irréaliste mais serein.

On rentre dans l’Eglise de la nativité par une minuscule porte, taillée pour des nains, ou tout simplement pour des enfants. Ce qui interpelle, mais qui se justifie le plus, c’est l’humilité des bâtiments. Un toit en bois surplombe une salle vide, sans peinture, ni chaise, d’où pendent quelques verres soufflés et lumières. Le Choeur est décoré pareillement, avec des peintures en plus. Une Eglise banale si elle ne contenait pas, dans ses caves, le lieu saint où Marie enfanta. La file est longue pour descendre ces étroits escaliers de pierre, les flash résonnent et les guides, israéliens, s’impatientent de répéter, sans cesse, leurs même discours. Une petite pièce d’une vingtaine de mètres carrés où s’entassent les pélerins, s’imaginant, presque 2012 années auparavant, assister à la naissance de l’enfant Jésus. Maintenant, deux petites alcoves, taillées dans la roche, représentent l’endroit de l’accouchement et l’endroit où le bébé a grandi durant ses premiers jours. Le tout illuminé aux bougies, pour rappeller, peut-être, quelle étoile est apparue ici.

C’est en sortant que nous rencontrons Youssef, professeur de secondaire au collège de Bethléem, et à ses heures perdues, guide et taximan,  »car il le faut bien ». C’est lui-même qui nous explique la tragédie de l’Eglise de la nativité. Durant la seconde intifida, en 2002, et l’incursion israélienne en territoire palestinien, bon nombre des villageois avaient jugés bon de ce réfugier dans l’Eglise. Bonne idée, si l’on ne compte pas sur la patience des israéliens. Ceux-ci se ont donc installé des postes filmés devant l’entrée, attendant la sortie inévitable des habitants. C’est au bout de plusieurs jours que les soldats israéliens ont commencé à évacuer les gens par la force, en tuant au coeur même de l’Eglise.

« Même le pape et le Vatican ne savent protéger leurs lieux saints face à la violence gratuites des israéliens« , déclare Youssef.

J.Mossiat

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Tel Aviv, un melting pot de genres et d’histoires

On pensait la route longue, ultra-sécurisée et des questions à-tout-va. La réalité est toute autre à Ben Gourion, l’aéroport de la capitale israélienne, du nom de son ancien ministre de la défense. Pas de file interminable pour rentrer sur le territoire et le visa se trouve être complètement gratuit pour 3mois. Les rumeurs, toutefois certainement fondées, ont pour une fois été démenties. Une facilité étonnante d’entrer sur « La Terre Promise ». Un bout de territoire voulu et arraché à coups de guerres et d’apartheid, de M16 et d’une politique sécuritaire très sophistiquée.

Israël ne nous a pas menti, au contraire, sur sa puissance armée. Une fois mis le pied dehors, on peut aisément compter autant de militaires que de simples citoyens. Un contraste choquant qui nous fait rappeller que oui, ce pays est en alerte, sur la défensive, en guerre. Mais ce ne sont pas de simples soldats. Agés entre 18 et 21ans, filles ou garçon, noirs, blonds, blancs, arabes ou roux, pour tous est réservé le même sort. Celui de servir leur patrie et de porter la mitraillette en bandouillère. Ce sont presque des enfants, en fait. A qui l’on a déjà inculqué, si fragile à leur âge, le fait de ne plus faire confiance a personne, de ne plus sourire mais surtout d’admettre, peut-être, une jeunesse perdue. Tous écorchés par un service militaire, envahit par la crainte de voir l’ennemi, si proche, mais si loin, tant ils ne se comprennent ni les uns, ni les autres.

Pour que vous compreniez, le service militaire en Israël est obligatoire dès l’âge de 18ans et pour 2 années pour les filles, 3 ans pour les garçons. Tout le monde y passe, avec l’envie ou non.

Ceci dit, Tel Aviv pourrait réellement faire penser à cette Terre Promise. Une longue plage de sable, palmiers à gogo, une vieille ville arabe surplombant la mer, lorgnant de loin les gratte-ciel de la ville moderne. Une mixité de style, d’époques et de religions. Pareils pour ces habitants, enrichis des communautés juives du monde entier. Un métissage unis par une histoire commune atroce.

Tel Aviv n’appartient à personne, mais tout le monde ne peut pas y aller.

Tel Aviv vit de centaines de cultures, mais une seule y est autorisée. Une culture de la crainte, cernée d’une immense ouverture d’esprit. Pas de réprimes, pas de jugement ne de dévalorisation pour ceux qui passent la douane.

Et cela se ressent  lorsque l’on marche dans les rues. Un peuple accueillant et très aidant, festif, non avare de questions et de curiosité. Autant que le falafel et les sorties, l’étranger est roi.

La rue Dizengoff, pleine de vie nocturne, de bars et de jeunes, est comme un clin d’oeil lancé à Jaffa, la vieille sage et illuminée cité, sur sa colline, refletant dans la méditerranée le visage des ancêtres de Tel Aviv.

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Les Dieux se sont penchés sur Çıralı

Premier pas posé hors du dolmush depuis Antalya. Tout autour, des montagnes, la route principale et une secondaire, avec une seule indication:  »Çıralı 7 ».

Pas une âme, à part peut-être cette vieille femme préparant des gözleme, dans une cabane humide incrustée dans un arbre, et son mari, à l’affût, nous proposant déjà un taxi pour Çıralı. Nous n’avions pas idée de ce que nous allions trouver là-bas. On peut appeller cela la chance, ou l’aventure. La longue descente qui nous plonge vers Çıralı est bordée de fôrets, de pauvrettes maisons et de  »pensiyon ». Celles-ci sont plus ou moins toutes pareilles: Des jardins peuplés de hamacs à l’ombre des orangers, des bananiers et autres bougainvilliers. Au fond, des petits baraquements chaleureux et entretenus, enfouis dans la verdure, accueillent, en cette saison, que très peu de clients.

Nous apprendrons plus tard que Çıralı ne vit que le temps de l’été. Ce village ne comporte aucune réelle habitation, seulement des pensions et des jardins flanqués entre la mer et les montagnes et d’innombrables fruitiers. Les turcs déménagent ici pour tenir les lieux, mais repartent en ville aussitôt le dernier étranger ayant quitté le village.

Une fois notre pension choisie (hamacs et orangers obligatoires), l’attrait de la mer s’est vite fait ressentir. La plage est fantastique. La plus belle qu’il m’ait été donné de voir, même. Sur trois kilométres s’étend une fine plage de sable et de galets, déserte en cette période malgré les 30° présents et une mer d’autant plus chaude. Quelques voiliers chanceux se sont ammarés au large, et les parasols de pagne protègent quelques touristes retardataires. Bien plus tard durant le soir, j’y ferai une autre découverte qui restera certainement gravé dans ma mémoire.

Çıralı n’est pas seulement appréciée des seuls humains. Sa plage fait également partie des rares zones de nidification des tortues carets. C’est pour cela qu’aucune lumière n’est autorisée le long de la mer durant la nuit. Les bébés, à peine sortis de l’oeuf, doivent pouvoir s’orienter en direction de la mer grâce à la lumière de la lune. Les lumières artificielles les guideraient vers la terre, où elles mourraient rapidement. Cela rajoute à l’aspect protégé et intimiste de ce site, qui, découvertes après découvertes, prend une apparrence de réel Eden.

Chatouiller les feux éternels de la Chimère et nager parmi les fées marines

La Chimère. Une créature, un monstre qui a effrayé des générations par le passé. Un corps de chèvre, une tête de lion et une queue de dragon, ou a peu près. Elle crachait le feu et ruinait les cultures.

Et si je vous disais que cette créature vivait à deux pas de Cirali, tapie dans les montagnes le long des côtes, me croiriez-vous? En tout cas, les gens là-bas y croient, ou en tout cas font semblant d’y croire, sans doute pour le tourisme. Même si le Chimère a été tuée il y a des millénaires, les traces de son passage ne se sont pas toutes éteintes. On appelle ce village  »Chimera », à une petite heure de marche depuis le centre de Cirali.

Deux français rencontrés sur la plage nous avaient donnés comme conseil: une lampe de poche – des pics – des suçuk (petites saucisses) et démarrer vers 22h. Car le spectacle de Chimera est a découvrir la nuit. Impatients, c’est donc vers 21h30 que nous sommes partis en quête du mythe, avec dans nos sacs: une lampe de poche, des pics, des suçuk, des bananes, des chamallows et des bières. Il faut bien innover.

Nous avons vite compris pourquoi il était intéressant de partir si tard le soir pour visiter Chimera: le reflux des cars allemands laisse penser que le lieu est énormément visité. Après une bonne quarantaine de minutes de marche, puis une bonne demi-heure d’ascension (800m dans le noir, sur de vieux escaliers, pavés, rochers), nous avons atteint l’ancien antre de la créature. Pendant la montée, ce que nous pensions voir comme des feux de camp, sont, une fois arrivés au-dessus, ce que l’on croit être des feux de camps. C’est à dire une dizaine de petits feux étalés à flanc de montagne. Ce n’est qu’une fois avoir approché d’assez près un de ces feux que l’on comprend la magie de l’endroit. Les flammes sortent des rochers. En continu, depuis des siècles. Pas de charbon, pas de bois pour alimenter le feu. Les flammes sont éternelles à Chimera, et jaillissent dans les replis des roches, un peu partout sur la montagne. C’est en fait une réserve de méthane (je crois) qui permet aux flammes de sortir en continu.

L’endroit est idéal pour le camping. Ici, aucun problème pour surveiller le feu. Alors on plante les suçuk, on donne quelques chamallows aux derniers enfants présents et on boit une bière, dans l’antre de la Chimère. Au diable les monstres, seuls des dieux ont pu penser cet endroit!

Et d’autres dieux, ou plutôt d’autres déesses, ont dû également se pencher sur la mer de Cirali. Une fois arrivés à notre pensyion, l’envie de voir éclore des tortues se fit sentir. Armés d’autres bières et de draps, l’attente fût longue sur la plage. Pas de naissance à l’horizon.

Mais, c’est en nous plongeant dans la mer que nous découvrîmes un phénomène magnifique. Encore maintenant, il m’est difficile d’expliquer face à quoi nous sommes tomber. Après des recherches, rien ne m’a permis d’expliquer cet endroit. A chaque mouvement dans l’eau, des centaines de lumières parcouraient nos membres. De petites lumières, bleues étincelantes, qui s’éparpillaient ensuite tout autour de nous. Une nage à travers des fées.

On peut parler de lucioles aquatiques, mais ces lumières pouvaient se diviser lorsqu’on en attrapait une dans la main. On ne peut pas parler de réflexion de la lumière de la lune, puisqu’on pouvait attraper ces lumières individuellement. Alors sans doute se sont des minéraux présents dans l’eau. Quoiqu’il en soit, le moment était magique. Si vous passez dans les environs, arrêtez vous quelques instants pour profitez de cette mer la nuit!

Et même de Cirali tout entier. Un lieu paradisiaque qui vaut plus que le détour. Cirali vaut juste un aller simple.

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Termessos – Mon Machu Picchu

La simple lecture dans le Routard de la ressemblance entre Termessos et le (beaucoup) plus célèbre Machu Picchu péruvien, m’empressait de rejoindre cet endroit. Un endroit qu’il faut mériter, après une longue marche, où un taxi intrusif, et encore une longue montée.

Il faut dire que les taximans turcs n’hésitent pas à donner de leur personne pour vous faire entrer dans leur véhicule. Je n’oublierai pas celui, qui, de l’entrée du parc à la billeterie, nous a suivis pendant un petit kilométre à la vitesse de nos pas pour nous convaincre de monter avec lui. Se balader devient tout de suite moins agréable… Ayant finalement eu gain de cause, c’est avec lui et un autre couple de français ramassés plus haut que nous aurons atteind le premier palier de l’ascension (Mais je soutiendrai toujours que grimper 7km sous le soleil me plaisait plus que payer 1,80eur). Antalya étant situé en bord de mer, et Termessos à 1050m, les dénivellés sont assez importants.

Lorsque l’on découvre Termessos, il est facile de comprendre se qu’effrayait le plus les habitants de l’Antiquité. En vivant à une telle hauteur, en construisant un théatre, un aqueduc, un forum sur des flancs de montagnes, les grecs de l’époque n’avaient pas peur de la fatigue. Vu la hauteur, ils ne craignaient certainement pas le froid et la soif. En tout cas, ces craintes là était moindre que la peur de l’autre. La peur de l’envahisseur. Plus que la faim et la soif, ils craignaient la guerre. Finalement, les dizaines de milliers d’habitants auront survécus à l’armée d’Alexandre Le Grand, mais disparaîtront dans un tremblement de terre. La fatalité.

Des tombeaux partout, saluent les touristes de leur triste contenu. Taillés à fleur de montagne, entreposés au sol, surélevés, la place semblait manquer mon honorer les disparus. C’est aussi cela la particularité de la ville: une conservation rare des cercueils. Le must reste cependant à venir.

Entre deux sommets, avec une vue plongeante sur les vallées autour, sur Antalya et sur le vide, s’impose un théatre à ciel ouvert, de 4000 places, rongés par la nature, en point culminant de la visite. Un lieu magique, transpirant la tragédie et la beauté grecque. Le temps s’est définitivement arrêté sur Termessos. Un lieu à voir, avec de bonnes jambes.

J. Mossiat

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La trêve – Une semaine à Antalya

On pourrait facilement confondre Antalya à un village après Istanbul. Une mer calme, lovée entre les montagnes, une ville sereine désertée, en ce moment, de ses incalculables touristes venus de Russie, d’Allemagne et de Turquie. Ici, le thermomètre affiche en permanence les 34°, une chaleur constante qui se lit sur le visage de ses habitants. Sans doute ceux-ci sont moins stressés, ou moins  »de la capitale ». A Antalya, on profite.

Le soir, il suffit de se rendre en bordure de ville, à Beach Park pour comprendre que les retraités européens ne sont pas les seuls à jouir de l’endroit. Installés en bordure de mer, sur plus d’un kilomètre, se succèdent les bars aux allure d’Ibiza. Ambiance sofa – concert acoustique, ou boîte en plein air, il y en a pour tous les goûts. Les pistes de danse flirtent avec les vagues et les musiques résonnent dans toute la baie. Les Turques, la nuit, se transforment,  »Alafrança ». On peut facilement le remarquer à la longueur de leur jupe, leurs déhanchés et leur niveau d’ébriété. C’est pas plus mal, en fait!

Cette ville est schizophrène, – douce le jour, folle la nuit. Antalya est bipolaire, entre son vieux quartier charmant et sa modernité des moeurs.

Palmiers et cie, la chance nous sourit

Rien n’est jamais à prendre pour acquis en Turquie, mais certaine fois, leur mauvaise organisation peut jouer en notre faveur. Comme ce fût le cas pour l’auberge que l’on avait réservé. Une fois sur place, le propriétaire nous annonce qu’il n’a plus de place. Râlant. Sauf quand il nous propose un appartement au même prix. Nous nous sommes donc retrouvé dans un méga appartement, 3 chambres, 3 balcons… au prix d’une chambre partagée à l’auberge. Le voyage commence bien.

Le même soir, l’idée de se rendre à Beach Park était claire, l’envie de sortir sur la plage et de s’installer sur les tables hautes ou les sofas blancs aussi. Ce sera bien évidemment fait, raki et mariage en bonus. Les mariages en boîte de nuit sur la plage semblent être à la mode… pourquoi pas!

Pergé la morte, Dunden l’humide

En tout bon touriste que nous sommes, l’ancienne ville antique de Pergé, où semble s’être arrêté Alexandra Le Grand quelques années auparavant, semblait nous paraître une bonne idée de visite. A vrai dire, il n’y pas grand chose à découvrir là-bas. Quelques colonnes amassées durant les fouilles archéologiques qui paraîssent abandonnées (ou en travaux perpétuel). L’attrait principal de la visite fût sans doute l’arrivée en stop, une reproduction assez intéressante de tortues terrestres et un cache-cache d’un autre âge, entre les thermes fissurés, les arcs reconstitués et les murs en morceaux. Parfait sur le moment, mais sans grande utilité.

Mieux vaut peut-être se rendre au parc de Dunden. C’est dans les faubourgs d’Antalya, cachées dans un quartier pauvre, que l’on peut découvrir les cascades de Dunden. Le contraste est saississant lorsque met le premier pas dans le parc. Lorsqu’on pense à des cascades, l’imaginaire collectif nous pousse à croire que l’on se trouve dans des montagnes, ou, tout du moins, dans un endroit assez surélevé pour permettre à l’eau de chuter. En fait l’imaginaire collectif n’a pas tort. C’est le décor dans lequel on met le pied en-dehors du dolmush qui ne donne pas l’impression d’être proche d’une cascade. Des routes plates, aucune montagne à l’horizon et quelques buildings. Rien qui ne présage à une cascade de 20m de haut. Mais dès la petite et peu onéreuse entrée passée (50c), tout change. On oublie la chaleur saississante de l’asphalte, la poussière et le bruit. Un oasis, fait de petits ponts, de tables assemblées et de calme. Et de l’eau, partout, dans les rigoles, à gauche, à droite, qui ruisselle.  En fait la cascade de Dunden est située dans une espèce d’énorme trou. C’est pour cela qu’il était impossible de pouvoir la distinguer depuis l’extérieur. Un petit décor amazonien, une impression artificielle tout à fait réelle.

Un endroit assez agréable, pour s’extraire du soleil accablant l’espèce d’un temps, et tremper ses pieds dans une eau glacée, certes, mais reposante.

J. Mossiat

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La pénurie du calme – L’excessive Istanbul

 Cette ville nous noie, petit à petit, dans un vacarme pénible et éreintant. Istanbul, entière, suinte le bruit, le trafic, la masse,…le bordel. Un bordel quotidien qui semble exotique les premiers temps, mais qui, a force, lasse et exaspère. Ou plutôt énerve.

Le mouvement est partout, rapide, massif et intrusif. J’appréhende toute les occasions de sortir entre midi et 18h. Car je sais pertinemment bien que chaque déplacement me prends plus d’une heure. Bus, métro, tramway, dolmush, funiculaire, taxi, métrobus, les moyens ne manquent pas, c’est vrai. Mais quand chaque déplacement te fait prendre une fois le bus, puis deux stations a métro, puis le funiculaire pour finir dans un tramway, c’est fatiguant. Le manque d’organisation est fatiguant. Il est humainement impossible d’arriver à l’heure à un quelconque rendez-vous.

Le bus est certainement le pire. Entre les arrêts tous les 100m, les méga-carrefours tous les 200m et les feux rouges tous les 300m, un seul petit kilomètre parait une éternité. Rajoutez à cela les piétons traversants n’importe où et les discussions entre passants et conducteurs en plein milieu de la route, vous finirez, comme moi, à maudire chaque vieille femme trop hésitante à sortir du bus.

Les Iles  »Quiétudes »

Mais on peut tout trouver à Istanbul. Le calme à un prix, et ici, il se nomme  »Iles aux Princes ». Ces îles seront mes sirènes, une tentation à laquelle je succomberai aisément. Quatre îles perdues au beau milieu de la mer de Marmara, accessibles à (seulement) 1h30 en ferry. L’ultime luxe? Les voitures y sont interdites! On y trouve seulement quelques bateaux de plaisanciers, des calèches et … des vélos.

Entre les manoirs en bois couverts de fleurs, bordants les rues et les bruits résonnants des sabots sur les pavés, cet havre de quiétude rassure. On se trouve directement propulsé 70 ans en arrière, à gambader en vélo, à la recherche de la plage parfaite où poser ses pieds et se baigner tranquillement. Le rendez-vous a été pris, et cet ainsi que nous nous sommes retrouvés à onze, fugueurs d’un jour, a profiter des biens faits de Buyuk Ada et ses sœurs.

On rêvait de l’eau depuis longtemps, exaspérés de vivre le long d’une mer-détroit ou la baignade est impossible. On en rêvait, et on l’a eue.

C’est pour toutes ces raisons que ces îles sont incontournables lorsqu’on se rend à Istanbul. Au plus loin des échos de la ville on se trouve, au mieux on peut apprécier la Turquie, et, paradoxalement, notre retour dans ce monstre de désorganisation, ce foutoir permanent. Cette excessivité, en fait, qui rend Istanbul fascinante et détestable.

Jonas Mossiat

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Mecidieykoy, ’31 Eski Osmanli Sokak’ – Etre un expatrié

Deux belges, deux américains, un italien, un allemand, une coréenne et une canadienne. On ne parle pas d’une blague, mais plutôt du ’31, Eski Osmanli Sokak’. Deux appartements dans Mecidieykoy, un quartier à deux stations de Taksim, où je me suis établis pour cinq mois.

Etre un expatrié dans un pays où l’on ne comprend pas la langue, cela peut créer des situations cocasses. Comme devoir commander 500 grammes de haché chez le boucher. Comme devoir expliquer au taxi, après une bonne soirée, comment se rendre chez toi. En fait, on pourrait raccourcir cela. Votre imagination fera le reste. Cela donne Jonas et le boucher, Jonas dans le taxi, Jonas chez le banquier, Jonas n’a pas de carte de fidelité au supermarché, Jonas se demande comment peser ses légumes, Jonas ne comprend pas le sens de la caisse,… et il y en aura certainement d’autres.

Au final, c’est bien plus amusant et cela débouche souvent sur des rires.

Mais être expatrié, c’est aussi être toujours aux aguets, à la recherche de la moindre arnaque. Entre les pourboires obligatoires, les prix non indiqués dans certains magasins et les rabatteurs (de gros naïfs comme je suis) dans Taksim.

Mecidieykoy offre quand même  tout ce qu’un bon expatrié a besoin: d’autres expatriés, de calme, de services, de sécurité et de mobilité. C’est un quartier dans un autre quartier, dans une ville. A l’écart du centre névralgique sans en être totalement séparé. On vit au milieu d’autres turcs. On doit apprendre à jongler avec les différences culturelles, (et à ne pas trouver d’alcool dans les cafés du coin). Devoir pomper l’eau pour pouvoir boire (l’eau du robinet n’est potable nulle part) et être bercé par les prières chantées au mégaphone.

On s’y fait assez rapidement, à cette vie. Car elle est quotidiennement enrichissante, surtout entouré d’une population aussi chaleureuse. Ce n’est que le début, et déjà, jours après jours, on se sent en peu plus chez soi. Leurs rues deviendront miennes, leurs coiffeurs me coifferont et leurs filles …

‘J’y ai été étudiant, maintenant j’y travaille’

Sur mes 4 collocataires, 3 ont été étudiants d’échange à Istanbul auparavant. Maintenant, ils y vivent. C’est un questionnement étrange. C’est Beyhan, une française d’origine turque rencontrée dans un bar acoustique sur Itsikal street, qui me donne une ébauche de réponse. ‘Quand on y a gouté, on ne peut plus s’en passer. Il s’agit d’un aimant. Celui qui y a vécu se sentira obligé d’y retourner, ne fusse que pour un temps.’

Qui vivra, verra. Nous n’en sommes pas encore là.

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